TRANSFORMATION STRUCTURELLE Moteur… ça tourne !

19 Juin 2024 | Dossier SND 30 | 0 commentaires

L’import-substitution participe du souci d’indépendance alimentaire, principalement dans la fourniture des matières premières pour les industries.

En 2022, l’économie camerounaise a vibré au rythme de l’inflation. Une envolée exceptionnelle des prix (+6,3%) qui n’a malheureusement pas permis de consolider la reprise amorcée en 2021, alors qu’elle se remettait des affres de la crise sanitaire liée au coronavirus (Covid-19). En effet, la courbe du taux de croissance du produit intérieur (PIB), qui a bondi de 0,3% en 2020 (année marquée par survenue du Covid-19) à 3,3% en 2021, s’est établi à 3,6% en 2022. Les réminiscences de la pandémie et le conflit russo-ukrainien ont perturbé l’expansion », indique le « Rapport sur l’économie camerounaise en 2022 : le patriotisme économique à l’épreuve des vents contraires », publié par le ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat). Ces vents contraires ont ralenti la machine de production. Devant le renchérissement des coûts des matières premières et du fret, les unités de transformation locales ont subi une baisse de régime. Dans le secteur de l’agroalimentaire, notamment, la hausse des prix du blé et les perturbations dans l’approvisionnement de cet intrant n’ont pas permis aux industries d’assurer le ravitaillement des marchés. Toutefois, les industries agroalimentaires ont néanmoins pu maintenir leur dynamique de croissance dans le vert (+4,9% en 2022), malgré le renchérissement des coûts de production.

Un résultat qu’on peut également mettre à l’actif des mesures de soutien prises par le gouvernement à l’instar de l’abattement de 80% du taux du fret à prendre en compte pour la détermination de la valeur en douane des marchandises importées par voie maritime. Ce qui est vrai, pour la branche des industries agroalimentaires, l’est également pour l’ensemble du secteur secondaire dont la croissance a ralenti à 2,7% en 2022, après 4,0% en 2021. Soit la progression la plus faible, com[1]parée aux deux autres secteurs que sont le primaire (+3,2%) et le tertiaire (+4,3%). Composer avec les crises Rendu à l’an III de la mise en œuvre de la Stratégie nationale de développement (SND30), l’histoire semble se répéter pour le Cameroun. En effet, comme sous l’ère du Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE), les réformes mises au point, dans l’optique de l’émergence de l’économie nationale, se heurtent continuellement à des crises successives et sans fin. Covid-19, conflit russo-ukrainien, inflation, etc. Des chocs qui font planer, sans cesse, des incertitudes quant à la capacité des Etats à mener à bien leurs politiques de développement.

Le Cameroun, pour sa part doit, en dépit de tout, réussir le défi de la transition industrielle qui, une fois aboutie, renforcera son immunité face aux chocs présents et futurs. Pour ce faire, il lui faut bâtir une industrie manufacturière solide et rattraper le retard technologique. La vision, elle, est bien connue. Toutes les réformes conduites actuellement pour le décollage industriel doivent permettre, à l’horizon 2030, de porter la contribution du secteur secondaire dans le PIB à 36,8%, contre 28,2% en 2018. La part de la valeur ajoutée manufacturière devrait, elle aussi, grimper à 25% du PIB contre 12,9%. Enfin, la part des exportations des produits manufacturiers est envisagée à 54,5%, contre 26,15% en 2015. Autrement dit, un modèle de développement qui fait de l’industrie manufacturière, le moteur de la croissance. Cela exige de faire passer la productivité totale des facteurs d’une contribution moyenne de 5-16%, ces dernières années, à une cible de 30-40% du taux de croissance du PIB à moyen et long terme.

Il s’agit d’un indicateur permettant de mesurer l’efficacité de la combinaison productive, c’est-à-dire la part de la croissance économique qui n’est pas expliquée par l’augmentation du volume du capital et du volume du travail. Répondre aux besoins internes Les tensions, vécues récemment sur le marché du blé et leurs répercussions sur le coût de la baguette de pain, dans les pays importateurs, ont clairement rappelé à ces derniers l’urgence de réduire cette dépendance fort coûteuse, tant pour les gouvernements que pour la bourse des ménages. La politique de l’import-substitution, prônée par l’Etat du Cameroun, participe de ce souci d’indépendance alimentaire, principalement dans la fourniture des matières premières pour ses industries. En optant pour la farine de manioc, de patate ou d’igname à la place du blé, des emplois sont créés sur le sol camerounais.

Mieux, cela garantit aux unités de transformation locales, des intrants à bon prix et, au finish, des produits compétitifs sur le marché local et international. Pour développer cette chaîne de valeurs locale, l’accroissement de la production agricole est un in[1]contournable, de même que des infrastructures viables en vue d’assurer le ravitaillement des usines et différents centres de consommation à travers le pays. Par ailleurs, l’assainissement de l’environnement des affaires devrait permettre d’attirer plus de capitaux (investisseurs) pour financer cette industrie de pointe. Les premières revues sectorielles de la SND30, bouclées et validées, ont permis de capitaliser les points positifs et de relever les insuffisances dans la mise en œuvre de cette bous[1]sole pour le compte de l’année 2021.

Elles ont couvert la santé, le secteur rural, les infrastructures, l’éducation, les industries et services, la gouvernance et les autres services sociaux de protection sociale. D’autres re[1]vues étaient prévues en 2022 pour continuer de s’ajuster au rythme des vents, qui tardent à s’estomper. Preuve que la machine tourne.

« Les réformes conduites actuellement pour le décollage industriel doivent permettre, à l’horizon 2030, de porter la contribution du secteur secondaire dans le PIB à 36,8%, contre 28,2% en 2018. »

Par Josiane TCHAKOUNTE

Source : Cameroun Emergent

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